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mettais de la lui faire oublier à force de dévoûment.

Si l’on s’étonne d’une telle persistance à conclure ce mariage malgré tant d’avertissements vagues ou précis, c’est que l’on ne connaît pas cette aveugle et intraitable opiniâtreté de l’amour qui augmente presque en raison de l’opposition qu’elle rencontre.

Ce fut avec un religieux ravissement que je répondis oui, lorsqu’on me demanda si je prenais Gontran pour époux. La cérémonie terminée, nous revînmes à l’hôtel de Maran.

Le lendemain matin, nous nous rendîmes à la chapelle de la chambre des pairs, où le mariage devait avoir lieu à neuf heures. En entrant, la première personne que j’aperçus fut M. de Mortagne. N’ayant pas été prévenu la veille, il n’avait pu assister au mariage civil.

Monseigneur l’évêque d’Amiens nous unit. Son allocution à Gontran fut grave, sérieuse, presque sévère ; je pensai qu’on jugeait mon mari sur sa conduite passée ; je fus presque orgueilleuse de l’espèce de conversion que son