Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/15

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Or, entre nous, c’est une drôle de manière de payer ses dettes que de vous rembourser d’un bon coup d’épée… Mais, puisque le Lugarto s’arrange de cette monnaie-là, tout est dit. Seulement cela prouve qu’il vous aime d’une furieuse force… et même, depuis sa blessure, il ne parle de vous qu’avec des roucoulements de fidèle berger les plus touchants du monde ; je vous en avertis.

— Ainsi, Madame… depuis cette scène, moi et M. de Lancry… nous sommes tombés encore un peu plus bas dans l’opinion du monde ? — dis-je avec un calme qui étonna mademoiselle de Maran ; — et M. Lugarto inspire, au contraire, le plus touchant intérêt.

— Vous parlez d’or, chère petite ! Cela est ainsi, ni plus ni moins ; aussi vous m’en voyez tout émue, toute bouleversée. Je venais dare-dare… vous avertir et vous dire, un peu tardivement peut-être (mais mieux vaut se repentir tard que jamais), que j’étais désolée d’avoir consenti à votre mariage avec Gontran. Qui est-ce qui se serait jamais attendu à cela de lui ? Savez-vous qu’après tout, ce Mortagne, avec son cerveau fêlé, ne manquait pas d’une cer-