Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/14

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reille… Est-ce que pour vos beaux yeux il ne s’est pas laissé menacer, injurier, presque assommer par votre mari sans proférer une plainte, et au contraire en défendant votre réputation ? Allons donc !… Galaor et Orondate sont des monstres de cynisme et de fatuité… auprès de ce pauvre Lugarto.

Je ne trouvais pas une parole à répondre à mademoiselle de Maran. J’avais déjà une si triste expérience de la méchanceté du monde que je ne doutai pas que la conduite de M. de Lancry et de M. Lugarto ne pût être interprétée ainsi que le disait ma tante.

Je laissai retomber avec accablement ma tête sur ma poitrine.

Mademoiselle de Maran, fière de son triomphe, continua avec une joie cruelle.

— Ce qu’il y a de pis pour Gontran, c’est que, par là-dessus, le Lugarto s’est très bien conduit dans le duel ; il a été blessé, l’honneur est satisfait, comme l’on dit, sans compter qu’à la rigueur ce bel archi-millionnaire aurait pu parfaitement refuser à Gontran de se battre avec lui… vu que votre mari a, dit-on, l’inconvénient de lui devoir énormément d’argent.