Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/27

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Avec quelle amertume je regrettai Ursule, ma seule amie ! J’aurais pu sinon lui demander ses conseils, du moins lui dire mes angoisses.

Elle m’écrivait souvent des lettres remplies de mélancolie et de tristesse. Elle n’était pas heureuse, non que son mari manquât de soins, de prévenances pour elle, mais il ne la comprenait pas. Elle se plaignait de la vie monotone qu’elle menait et regrettait notre enfance.

Depuis mon entrée dans le monde, je n’avais pas contracté une amitié de femme ; tout en reconnaissant les généreuses qualités de madame de Richeville, malgré moi, j’éprouvais toujours un sentiment vague de jalousie… Elle aussi avait aimé Gontran !

Je me trouvais donc complètement isolée ; j’étais entourée de gens récemment entrés à mon service ; presque toute ma maison s’était renouvelée ; la plus ancienne de mes deux femmes y était à peine entrée depuis six semaines. L’indisposition de Blondeau me privait de la seule personne amie que j’eusse alors auprès de moi.