Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/50

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la voiture de M. de Mortagne pour l’observer ; témoin de la culbute de votre sauveur à la descente de Luzarches, il l’a vu retirer à moitié mort de son briska ; et mon fidèle serviteur est arrivé ici un quart d’heure après vous, laissant son cheval à quelque distance, pour ne pas éveiller vos soupçons… En un mot, la preuve que vous n’avez pas plus à espérer la présence de M. de Mortagne que je n’ai, moi, à la redouter, c’est que vous me voyez ici fort paisible, et prenant, comme on dit, mes coudées franches.

Ce que me disait M. Lugarto était malheureusement si probable, que je ne pus conserver aucune espérance ; je gémis en songeant à la fatalité qui me privait du secours que la Providence m’envoyait.

— Oh ! c’est un rusé jouteur que M. de Mortagne — reprit M. Lugarto — lui et ce Rochegune, que l’enfer confonde, se sont attachés à mes pas depuis deux mois ; cachés dans l’ombre, ils ont déjà fait échouer deux ou trois projets qui vous concernaient, ma toute belle ennemie ! Ils ont corrompu des gens à moi que je croyais incorruptibles. Heureusement Fritz,