Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/8

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vet et pleurait silencieusement. Je portai les mains à mon front comme pour rassembler mes souvenirs. En me rappelant la scène de la veille, je ne doutai pas qu’un duel n’eût eu lieu.

Hélas ! c’était encore la moindre de mes terreurs. Lugarto pouvait perdre Gontran. Peut-être cet homme avait-il parlé ?

— Où est M. de Lancry ? — m’écriai-je.

Blondeau me regarda avec une sorte de tendresse compatissante, et me dit :

M. le vicomte est sorti ce matin, Madame, puis il est rentré et ressorti encore.

— Et sans être blessé ? — m’écriai-je.

Blondeau parut très étonnée.

— Sans être blessé, Madame… pas le moins du monde… S’il l’eût été, il n’aurait pas pu se mettre… en route.

— En route… que dis-tu ?

M. le vicomte, en rentrant ce matin, a donné l’ordre de préparer son nécessaire de voyage, une ou deux malles, et il est parti, emmenant son nouveau valet de chambre, et en laissant cette lettre pour vous, Madame.

— Parti !… parti… sans moi. Et les aver-