Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/84

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un piège horrible ; tu as été empoisonneur en faisant prendre à cette malheureuse femme un breuvage qui devait te permettre d’ajouter un nouveau crime à tant de crimes… Voilà ce que tu as fait… entends-tu… entends-tu ?…

L’air, la voix, l’accent de M. de Mortagne étaient si menaçants, que malgré son audace M. Lugarto n’osa répondre un seul mot.

M. de Mortagne ajouta avec une exaltation croissante, et me désignant à M. Lugarto :

— Tu ne sais donc pas que j’ai promis à sa mère mourante de veiller sur elle comme sur mon enfant ? Tu ne sais donc pas quels dangers on court en attaquant ceux que j’aime ?… Tu ne sais donc pas que sans l’intérêt que j’avais à pénétrer quel était le mobile de la fatale domination que tu exerçais sur M. de Lancry, je t’aurais déjà chassé de France en te crossant de coups de pied, car tu sens bien qu’un homme comme moi qui veut s’acharner à la poursuite d’un misérable comme toi… vient à bout d’en délivrer la société… et qu’il n’y a pas de tribunaux qui fassent !… Et d’ailleurs, s’écria M. de Mortagne, ne se possédant plus, — est-ce que tu n’es pas hors la loi ! En vérité,