Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je suis bien bon de ne pas te tuer là comme un chien !… Est-ce que je n’en ai pas le droit ?

— Le droit !… — s’écria M. Lugarto effrayé de la violence de M. de Mortagne.

— Oui, le droit… oui… j’ai le droit de te tuer… là… à l’instant. Mathilde est ma parente ; tu l’attires ici à l’aide de fausses lettres ; j’en ai la preuve… tu l’empoisonnes, j’en ai la preuve… tu vas commettre un crime exécrable, lorsque moi, son ami, son parent, j’arrive, je te surprends… je prends ce pistolet, je te l’appuie sur le crâne, — et M. de Mortagne appuya en effet un pistolet sur le front de M. Lugarto, — et je te fais sauter la cervelle. Eh bien ! après ? qui donc me blâmera ?… quel tribunal osera me condamner ? N’es-tu pas pris en flagrant délit ?… ta vie ne m’appartient-elle pas, hein ! misérable ?…

Épouvanté de la fureur de M. de Mortagne, qui, s’exaltant peu à peu, ne se connaissait plus, et qui lui tenait toujours le pistolet armé sur le front, M. Lugarto joignit les mains avec terreur ; sa figure se décomposa, il n’eut que la force de dire :