Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/89

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Mortagne, — laissez cet homme à ses remords ; qu’il parte seulement, qu’il parte…

— Ses remords ! — dit M. de Mortagne, — est-ce que ses pareils ont des remords ? La rage d’avoir au front l’empreinte d’un fer chaud, voilà le seul remords qu’il puisse connaître. Allons, Rochegune, le couteau est chauffé à blanc… attachons-lui les mains.

— Par pitié, laissez-le, — m’écriai-je, — je n’assisterai pas à cette torture horrible. Mon ami, je vous en supplie, une telle vengeance est indigne de vous et de moi.

Après avoir un moment regardé M. Lugarto qui, à travers ses sanglots, murmurait encore des prières et des supplications, M. de Mortagne lui dit :

— Grâce à cet ange de bonté, cette fois encore j’ai pitié de toi.

— Oh ! votre main… votre main, laissez-moi baiser votre main ! — s’écria M. Lugarto dans un élan de reconnaissance indicible, en se traînant à genoux jusqu’auprès de M. de Mortagne.

Celui-ci se retira vivement, le repoussa du pied et lui dit :

— Mais je te jure que si tu oses revenir en