Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/11

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La révélation que j’allais faire à mon mari m’assurait, je ne dis pas, son amour, ses soins empressés, sa sollicitude exquise, mais encore une sorte de tendre et religieuse vénération de tous les instants.

Oui, c’était plus qu’une espérance, plus qu’un pressentiment qui me garantissait un avenir auprès duquel ces quelques jours de bonheur passés à Chantilly et toujours si regrettés devaient même me paraître pâles et froids…

Oui, j’avais dans mon bonheur à venir une foi profonde, absolue, éclairée, qui prenait sa source dans ce qu’il y de plus sacré parmi les sentiments divins et naturels. Dans ce moment où Dieu bénissait et consacrait ainsi mon amour… douter de l’avenir c’eût été blasphémer.

Dès lors je ressentis pour Ursule une sorte de dédain compatissant, de pitié protectrice.

Je ne pouvais plus l’honorer de ma jalousie ; envers elle, je ne pouvais plus descendre jusqu’à la haine.

Je planais dans une sphère si élevée, j’avais une telle conviction de mon immense supé-