Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/12

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riorité sur Ursule, qu’il m’était même impossible d’établir entre elle et moi la moindre comparaison…

Pour la première fois depuis bien longtemps un franc sourire me vint aux lèvres en me rappelant que, la veille, j’avais envié la grâce avec laquelle elle montait à cheval ; que, la veille, j’avais envié les brillantes saillies de son esprit.

Je haussai malgré moi les épaules à ce ressouvenir. Dans mon impériale et généreuse fierté, je m’apitoyai sur cette pauvre femme qui, après tout peut-être, n’avait pu résister au penchant qui l’entraînait vers Gontran… penchant dont je connaissais l’irrésistible puissance…

Mon Dieu, me disais-je, quel sera le réveil d’Ursule après ce rêve de quelques jours ! Alors je me rappelai notre enfance, notre amitié d’autrefois… Le bonheur rend si compatissante que je m’attendris sur ma cousine.

Je me promis de demander à mon mari de lui apprendre avec ménagement qu’elle ne pouvait plus rester avec nous, je ne voulais pas abuser cruellement de mon triomphe…