Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ce qu’il y a d’étonnant ! repris-je confondue de tant d’audace.

— Certainement, rien de plus simple. Hier soir, après nous être retirés chez nous, mon mari m’a parlé comme d’habitude de ses affaires ; tout-à-coup il s’est souvenu en feuilletant son carnet qu’il y avait à Saint-Chamant une vente de terres dont quelques-unes sont voisines des nôtres et qu’il désire acquérir : il n’a voulu déranger personne ; ce matin, au point du jour, il a envoyé chercher des chevaux et m’a prié de l’excuser auprès de toi. Il ne sera absent que très peu de temps et il profitera de cette occasion pour visiter celle de ses propriétés qui se trouve dans le voisinage de Saint-Chamant.

J’étais indignée : Ursule avait sans doute à dessein laissé échapper cette occasion si naturelle de quitter Maran, elle avait donc des projets sur Gontran ; mes soupçons se justifiaient de plus en plus.

Depuis trop long-temps je me contraignais trop envers ma cousine, pour pouvoir dissimuler davantage ; je ne me crus plus obligée de