Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/124

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criai-je avec indignation ; il suffira donc de votre volonté pour désespérer de ma vie !

— Revenez à la raison, oubliez des soupçons insensés ; ces fantômes s’évanouiront, le calme renaîtra dans votre esprit.

— Oubliez la douleur, n’est-ce pas ? et vous ne souffrirez plus !

— Croyez que rien ne m’est plus désagréable que cette discussion, Mathilde, et que…

— Eh bien ! m’écriai-je en interrompant ma cousine — puisque c’est une lutte, je l’accepte… Tous les moyens vous sont bons pour m’attaquer dans ce que j’ai de plus cher, tous les moyens me seront bons pour me défendre… Votre prétendue indifférence pour mon mari est un manège de coquetterie raffinée dont je ne suis pas dupe. Vous voulez lui plaire, je vous rendrai odieuse à ses yeux ; je lui avais tu jusqu’ici votre honteuse aventure de Rouvray, je ne garderai plus aucun ménagement : s’il était tenté de m’oublier un moment pour vous, moi qui ne lui ai donné que des marques d’amour et de dévoûment, il comparerait… et il verrait à quelle femme il me sacrifie.

— Mathilde… Mathilde… prenez garde à