Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/127

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croyiez une amie dévouée, une sœur ?… femme ingénue et candide ! — et elle haussa les épaules.

— Mon Dieu… mon Dieu…

— Mais vous oubliez donc tout ce que vous m’avez fait souffrir, vous, depuis votre enfance ! — s’écria-t-elle.

— Moi ? moi ?

— Vous, Mathilde ! Vous me supposez donc bien insensible, bien inerte, ou bien stupide, pour croire que j’aie oublié notre jeunesse ! Vous ne savez donc pas tout ce que mon cœur ulcéré a amassé de haine et d’envie, depuis qu’un hasard fatal m’a rapproché de vous !

— Et moi… moi ! qui avais béni ce jour parce qu’il me donnait une sœur…

— Vous auriez dû le maudire, car alors il vous donnait une victime… et plus tard une ennemie…

— Une victime, une ennemie… grand Dieu… que vous ai-je donc fait ?

— N’était-ce pas en votre nom, n’était-ce pas à votre orgueil, qu’on me sacrifiait chaque jour ? Vous ne vous rappelez donc pas que sans cesse, à tout propos, j’ai été humiliée, blessée, méprisée à cause de vous ! Non, il n’y a pas de