Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/131

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envie, et de vous rendre un jour mon ennemie ?… Ah ! Ursule… Ursule… si elle vous entendait, elle serait bien heureuse de voir que vous servez ainsi d’aveugle instrument à sa haine.

— Eh ! mon Dieu… n’accusez pas tant mademoiselle de Maran — s’écria Ursule avec impatience ; — elle n’a fait sans doute que développer le sentiment d’envie qui était en moi : je suis née jalouse et envieuse, comme vous êtes née loyale et généreuse ; vous eussiez été à ma place, j’eusse été à la vôtre, que, malgré tous les calculs de la méchanceté de mademoiselle de Maran, elle n’aurait jamais éveillé en vous une jalousie ardente contre moi.

— Mais, puisque vous me reconnaissez loyale et généreuse, pourquoi me haïssez-vous ? Que vous ai-je fait ?

— C’est justement parce que vous êtes loyale et généreuse, que je vous hais… Je vous hais encore parce que j’ai toujours été humiliée à cause de vous ; je vous hais parce que vous jouissez de tous les bonheurs que j’envie, je vous hais parce que j’ai eu à rougir devant vous. Nous sommes seules, je puis tout dire