Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/132

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impunément… Eh bien ! oui, ce qui a porté le comble à ma rage contre vous, ç’a été de vous me voir traitée devant vous avec le dernier mépris par ma belle-mère.

— Mais vous le voyez bien, cette liaison existait ; ce mépris, vous le méritiez !

— Et c’est justement cela qui m’exaspère… vous me diriez que je suis laide et bossue comme mademoiselle de Maran que je ne m’en inquiéterais pas.

— Mais…

— Mais, je ne veux pas me faire meilleure que je ne le suis, je ne discute pas… je ne dis pas que j’ai raison d’éprouver ainsi… je dis que j’éprouve ainsi ; le hasard a fait que par vous ou à cause de vous j’ai été blessée dans ce que j’avais de plus irritable… je m’en prends à vous et je vous hais. Ceci n’est peut-être pas logique, mais c’est réel… Ce langage vous étonne ?… oh… c’est que le chagrin et l’isolement avancent et développent singulièrement l’intelligence, Mathilde !… D’abord j’ai dû à ces maîtres rudes et cruels la science de dissimuler et d’attendre. J’étais humiliée à cause de vous, que