Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/16

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— Je vous en prie, ne croyez pas les apparences, ne pleurez pas… ne…

— Mais c’est de joie que je pleure… Gontran, mais c’est de joie… regardez-moi donc bien ! — m’écriai-je.

— En effet, dit mon mari — ce sourire, cet air de bonheur répandus sur tous vos traits : Mathilde… Mathilde, que signifie ?…

— Cela signifie que je sais tout, et que je vous pardonne tout… Oui, mon bien-aimé Gontran… oui… hier sur ce balcon j’ai vu votre bras enlacer la taille d’Ursule… hier j’ai vu vos lèvres effleurer sa joue… Eh bien ! je vous pardonne, entendez-vous ?… je vous pardonne, parce que vous-même tout à l’heure vous vous accuserez plus amèrement que je ne l’aurais jamais fait moi-même ; parce que tout à l’heure, à genoux, à deux genoux, vous me direz grâce… grâce…

— Mais, encore une fois… Mathilde…

— Vous ne comprenez pas ? Gontran, vous ne devinez pas ?… Non ; vous me regardez avec effroi, vous croyez que je raille… que je suis folle peut-être ? Mais, à mon tour, pardon… aussi pardon à vous, mon Dieu ! car il est mal