Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/17

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de ne pas parler d’un tel bonheur si sacré avec une austère gravité. Gontran — m’écriai-je alors en prenant la main de mon mari — agenouillez-vous avec moi… Dieu a béni notre union… je suis mère !

Oh ! je ne m’étais pas trompée dans mon espoir ! les traits de Gontran exprimèrent la plus douce surprise, la joie la plus profonde. Un moment interdit, il me serra dans ses bras avec la plus vive tendresse… Des larmes… des larmes… les seules que je lui aie vu répandre, coulèrent de ses yeux attendris ; il me regardait avec amour, avec adoration, presque avec respect. :

— Oh ! — s’écria-t-il en prenant mes deux mains dans les siennes — tu as raison, Mathilde ; c’est à genoux, à deux genoux que je vais te demander pardon, noble femme, cœur généreux, angélique créature ! Et j’ai pu t’offenser ! toi… toi toujours si résignée, si douce… Oh ! encore une fois pardon… pardon.

— Je vous le disais bien, mon Gontran, mon bien-aimé, que vous me demanderiez pardon… Mais hélas ! je le sens… je ne puis plus vous l’accorder ; il faudrait me souvenir