Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/181

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avions le dessein, nous tomberions au milieu de ce déchaînement universel qui vous étonnerait moins, si vous connaissiez mieux le monde… Vous êtes belle, vertueuse… vous m’aimez, vous m’avez choisi ; en voilà plus qu’il n’en faut pour exciter toutes les haines et toutes les jalousies qui ne manqueront pas d’exploiter ce qu’il peut y avoir de mystérieux dans mes relations passées avec Lugarto… Si j’étais seul, je mépriserais ces vains bruits, mais j’ai à répondre de votre bonheur, et je serais le plus coupable des hommes, si je n’agissais pas de façon à vous épargner de nouveaux chagrins, à vous qui avez déjà tant souffert pour moi… Ce qu’il y a de plus sage, de plus prudent, est donc de suspendre indéfiniment notre retour à Paris… Dites Mathilde… êtes-vous de mon avis ? je vous en prie, répondez-moi.

— Eh ! mon Dieu ! le puis-je — m’écriai-je dans un élan de joie impossible à décrire — puis-je répondre lorsque mon cœur bat à se rompre de surprise et de bonheur ! Mon Dieu, mon Dieu ! vous voulez donc me rendre folle aujourd’hui, Gontran ? Dites ? Oh ! non, c’est