Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trop de félicité en un jour. Retrouver votre tendresse, avoir la certitude de rester ici seule avec vous longtemps, longtemps, au lieu d’aller à Paris ; encore une fois, Gontran, c’est trop…… Je ne demandais pas tant…… mon Dieu !

Et je ne pus m’empêcher de pleurer de bien douces larmes, cette fois.

Pauvre petite ! — me dit Gontran. — Hélas ! votre étonnement est un reproche cruel, et je ne le mérite que trop, cela est vrai pourtant ; je vous ai assez déshabituée du bonheur pour que vous pleuriez des larmes de ravissement inespéré, en m’entendant vous dire que je vous aime et que nous resterons ici longtemps… Oh ! tenez, cela est affreux… Quand je pense qu’un moment je t’ai méconnue ; pauvre ange bien-aimé… D’où vient donc, qu’au lieu de jouir de la délicatesse exquise de ton esprit, de l’adorable bonté de ton âme, j’ai laissé mon cœur s’engourdir pendant que je me livrais à je ne sais quelle existence grossière, stupide et brutale ? Est-ce un rêve ? Est-ce une réalité ? dites, dites, mon bon ange gardien ? Oh ! oui, dites-moi bien que nous