Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/200

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que je vous ai fait, et, Dieu merci, il en est temps encore.

L’accent d’Ursule avait une telle autorité, que, malgré moi, je l’écoutai en silence.

— Oui — reprit-elle — je savais irriter la passion de votre mari. Ce calcul de ma part doit vous rassurer sur ce que je ressentais pour lui, mais non sur ce qu’il ressentait… sur ce qu’il ressent encore aujourd’hui pour moi.

— Oh ! c’est indigne — m’écriai-je — quelle odieuse calomnie ! ce sont donc là vos adieux ? en parlant vous voulez me laisser au cœur un affreux soupçon !

— Mathilde, par pitié pour vous, permettez-moi d’achever, mon mari peut arriver d’un moment à l’autre et rendre cet entretien impossible…

— Par pitié pour moi ?…

— Oui… oui… par pitié pour vous, malheureuse femme… Écoutez moi, croyez-moi, je cède à un mouvement de générosité qui me consolera peut-être un jour de bien des mauvaises actions… écoutez-moi donc : si ce n’est pour vous… que ce soit au moins pour l’avenir de votre enfant.