Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/206

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m’a aussi indignement trompée… Tout espoir de le ramener à moi est à jamais perdu… Eh bien ! j’en prendrai mon parti… je ne le reverrai plus… je resterai seule ici ; et quand j’aurai mon enfant, je pourrai être heureuse encore.. Ainsi, Ursule, n’ayez aucune crainte… dites-moi tout… entendez-vous, absolument tout : votre franchise peut me sauver la vie… Parlez… Ursule… parlez… une certitude… pour l’amour de Dieu… une certitude si affreuse qu’elle soit : mieux vaut la mort que l’agonie…

— Pauvre femme… pauvre malheureuse femme… — dit Ursule, en cachant dans ses mains sa figure baignée de larmes.

— Oui, malheureuse, bien malheureuse… n’est-ce pas ? Et bien ! vous ne pouvez plus m’envier maintenant… n’est-ce pas ? me poursuivre encore ce serait de la barbarie… Vous le voyez, il est impossible d’être plus malheureuse… c’est ce que vous vouliez. Votre aversion est-elle assez assouvie ?…

— Mathilde… ah ! je suis trop vengée… C’est horrible… horrible… malheureusement je ne puis rien sur le passé… mais je puis