Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/209

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ves, et pourtant j’ai écrit cette lettre qui peut me perdre, et pourtant je viens volontairement vous la confier : rien ne me force, vous le voyez, à me mettre ainsi à votre discrétion… rien, si ce ne sont mes remords du passé, ma bonne résolution pour l’avenir et ma confiance aveugle dans votre justice ; rien ne me force enfin à agir ainsi, rien, si ce n’est l’un de ces contrastes bizarres, inexplicables de ma nature, dont je vous parlais, et dont vous vous railliez, Mathilde.

Je restais anéantie, tenant cette enveloppe entre mes mains.

Cette corruption, ce cynisme auxquels se mêlait peut-être une sorte de générosité, de grandeur, me semblait incompréhensible.

Je me demandais et je me demande encore si l’aveu que venait de me faire Ursule était calculé par la plus infernale perfidie, ou s’il était dicté par un tardif intérêt pour moi…

Affectait-elle de se mettre à ma discrétion pour pouvoir porter mon désespoir à son comble en m’apprenant l’infidélité de mon mari, ou bien, voulait-elle sincèrement me donner