Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/226

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n’étiez pas à moi… Dans vos regards il n’y avait ni amour, ni volupté, ni remords… il y avait je ne sais quelle expression de triomphe haineux, de domination insolente, de cruel sarcasme !… Tenez, Ursule, si je croyais au démon, si je croyais à ces marchés d’âmes qu’il fait, dit-on, je lui donnerais votre regard dédaigneux et superbe, lorsqu’il voit un malheureux tomber à tout jamais en sa puissance, par la force de son charme infernal.

« Cette comparaison vous semble folle, absurde ; vous vous en moquez peut-être… railleuse impitoyable, vous croyez que je plaisante… pourtant cette comparaison est sérieuse, elle est vraie. Elle explique, autant qu’on peut l’expliquer, une sensation réelle et pourtant indéfinissable… Oui, de ce jour, Ursule, mon âme ne m’a plus appartenu… elle ne m’appartient plus !.. Ange ou démon, elle est à vous !.. Qu’en ferez-vous ?…

« Cela est insensé, stupide, mais il me semble que mon cœur ne bat plus dans ma poitrine, mais qu’il bat dans votre cœur, à vous… Tenez, je vois avec effroi que jusqu’ici je n’avais jamais aimé… Ne prenez pas ceci