Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/227

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pour une banalité, Ursule ; si je voulais vous dire des fadeurs, je ne prendrais pas cet amer et triste langage : il ne peut en rien m’être favorable auprès de vous ; il est ennuyeux, bizarre, et il ne vous apprend que ce que vous savez, car vous avez la conviction de votre toute-puissance sur moi.

« Non… non… je vous dis que jusqu’ici je n’ai jamais aimé ; j’ai toujours cru et je crois encore que l’homme qui éprouve la seule véritable passion de sa vie, doit presque ressentir des impressions analogues à celle des femmes en ce qu’elles ont de plus délicat, de plus craintif, de plus soumis, de plus défiant… Eh bien ! voilà ce que j’éprouve auprès de vous, Ursule… voilà ce que je n’avais jamais éprouvé… un écolier n’avouerait pas cela ! C’est vous donner sur moi un avantage immense… mais pourquoi lutterai-je ? à quoi cela m’a-t-il servi de lutter contre mon amour depuis que vous m’êtes apparue sous une physionomie si nouvelle, lors de ce long entretien que ma femme entendait ! Pourquoi de ce jour, où vous m’avez pourtant si impitoyablement raillé… pourquoi mon goût pour vous