Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/232

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que votre insouciance affectée est un jeu destiné à compléter l’illusion de ma femme et à lui faire croire plus aveuglément encore au retour que je feins d’éprouver pour elle… Mais, non, vous m’auriez dit quelques paroles, nous nous serions entendus par quelque signe d’intelligence, tandis que depuis ce jour, à la fois si cruel et si doux, vous avez pris à tâche d’éviter les rares occasions que j’aurais eues de vous entretenir seule… qui sait même si je parviendrai à vous remettre cette lettre !

« Femme bizarre, incompréhensible ! si, par quelque allusion détournée, je vous parle de notre amour, vous me répondez par un sarcasme ! Chose plus étrange encore : ma femme vous redoute, vous hait, vous le savez, et depuis le jour où vous l’avez outragée vous semblez la regarder avec un touchant intérêt ? Est-ce le remords ? non ; vous n’aurez jamais de remords, vous ; et puis, hélas ! le remords, de quoi ? une faute pareille… est-ce une faute… et d’ailleurs, ne dirait-on pas que votre seul but maintenant est de me faire regretter et adorer Mathilde.

« Voyant votre inexplicable indifférence…