Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/233

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autant pour détourner les soupçons de ma femme que pour essayer d’éveiller en vous quelque jalousie, j’ai feint d’entourer Mathilde des plus tendres soins… Au lieu de vous en alarmer, de vous en piquer… vous en avez paru satisfaite et nullement envieuse… Ursule… c’est à en perdre la raison. Qui êtes-vous donc ? que me voulez-vous ? Êtes-vous mon bon ou mon mauvais génie ? Quelquefois vous m’épouvantez, il me semble que vous devez avoir sur ma vie la plus fatale influence… Non, non, pardon, je délire… Ursule ! ne vous offensez pas de cette lettre, vous êtes de ces femmes supérieures auxquelles on peut tout dire…

« Cette incohérence de pensées vous prouve toute l’exaltation de ma pauvre tête ; mes idées se heurtent, se combattent ; mille fantômes s’offrent à mon imagination, parce que mon esprit et mon cœur sont incertains, parce que je ne sais pas ce que vous êtes pour moi. Cet état de doute est horrible ; s’il continue, si vous ne me rassurez pas, c’est à peine s’il me restera la force et la volonté de feindre une tendresse que je dois feindre pour détourner les