Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Une fois à Paris, les raisons ne me manqueront pas pour y prolonger mon séjour ; l’état dans lequel se trouve ma femme l’empêchera de venir me rejoindre : d’ailleurs elle le voudrait que son désir serait vain, jamais je ne me suis senti plus intraitable, sans pitié ; je serais cruel pour tout ce qui n’est pas mon amour pour vous. Il faut ma crainte de voir Mathilde se laisser égarer par sa jalousie et vous perdre auprès de votre mari, pour me forcer de simuler ce que je n’éprouve plus pour elle.

« Tenez, Ursule, encore une remarque qui vient à l’appui de ce que je vous disais, c’est que l’amour sincère et profond inspire des délicatesses inouïes… Jusqu’ici j’avais toujours menti en galanterie sans l’ombre de peine ou de regret ; eh bien ! je vous le jure, maintenant il m’est odieux de dire à ma femme des tendresses que je ne ressens plus : il me semble que ce sont autant de blasphèmes contre la sincérité de ma passion pour vous.

« Il faut tout l’aveuglement de Mathilde pour ne pas découvrir combien le rôle que je joue auprès d’elle me coûte et me révolte… Mais il aura bientôt sa fin ; je vais vous rejoindre à