Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/234

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soupçons de Mathilde et empêcher un éclat qui pourrait vous perdre : heureusement les distractions où me plongent tant de pensées diverses passent aux yeux de ma femme pour des rêveries amoureuses dont elle est l’objet ; quelques jours encore, et tout sera éclairci.

« Vous ne me connaissez pas, Ursule, vous ne savez pas l’invincible opiniâtreté de mon caractère, je l’ignorais moi-même avant que d’avoir ressenti la force de volonté que vous m’avez inspirée ; je ne renoncerai à l’espoir d’être aimé de vous qu’après avoir tenté tout ce qu’il est humainement possible de tenter… et encore non, je ne puis même admettre la pensée que je renoncerai à cet espoir… non, une voix secrète me dit que je réussirai.

« Voici mes projets, n’essayez pas de les combattre, vous n’y changeriez rien. Vous partez dans quelques jours pour Paris ; prétextant des calomnies que nous a rapportées mademoiselle de Maran, j’ai persuadé ma femme de rester à Maran tout l’hiver ; quinze jours après votre départ je vous rejoins à Paris, des affaires d’intérêt motiveront suffisamment mon départ aux yeux de Mathilde.