Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/265

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Pendant ces deux jours, par un phénomène moral que je suis encore à m’expliquer, une révolution profonde, complète, se fit subitement en moi.

Il était de mon devoir de parler à mon mari avec la plus entière franchise.

Cet événement fut le plus important de ma vie, son retentissement durera jusqu’à mon dernier jour.

Les moindres détails de cette entrevue sont encore gravés dans ma mémoire.

C’était un dimanche ; après avoir entendu une messe basse à l’église du village, et être restée longtemps à prier, je revins chez moi.

Le temps était gris et lugubre ; au moment où je rentrais au château, la neige commençait à tomber.

Dix heures sonnèrent à la pendule de mon parloir.

C’était un petit salon très simple, où je me tenais d’habitude ; ses deux croisées s’ouvraient sur le parc : à droite et à gauche de la cheminée étaient les portraits de mon père et de ma mère ; sur ma table à écrire, un médaillon de Gontran peint en miniature.