Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/278

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tout encore, vous me pardonnerez ma franchise, il m’en coûte de vous parler ainsi : tant que je vous ai aimé, je me suis tellement aveuglée sur certaines circonstances de votre vie que, ne pouvant les excuser, j’avais fini par me persuader que j’aurais été aussi coupable que vous ; maintenant mes illusions sont dissipées, votre conduite m’apparaît dans son véritable jour, et, en admettant que j’oublie jamais vos torts, vos infidélités, comme vous dites, il me serait impossible d’aimer un homme… que je ne pourrais plus estimer.

— Mathilde, que signifie ?…

— Avant mon mariage, avant que j’eusse subi la fascination de la passion la plus folle, j’aurais su ce que j’ai su depuis… que je ne vous aurais pas épousé.

— Mais, encore une fois, Madame, que savez-vous donc qui puisse vous empêcher de m’estimer ? car je ne suppose pas qu’on soit un malhonnête homme par cela même qu’on éprouve un amour insurmontable pour une femme qui en est indigne… en admettant que ce que vous dites soit vrai.

Après une dernière hésitation, je racontai