Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/286

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Je ne pouvais donc pas m’abuser : l’amour maternel remplissait mon cœur tout entier, seul il causait ma fermeté. Car lorsque, par malheur, je songeais que la divine espérance dont le ciel m’avait douée, n’était qu’une espérance, lorsque je me demandais quel serait le vide de mon cœur si elle m’était ravie… oh ! alors j’étais saisie de vertige et je détournais ma vue de ce ténébreux abîme pour la reporter vers le radieux avenir qui seul m’attachait à la vie…

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L’hiver était arrivé avec ses sombres froids, ses tristes brouillards, ses longues soirées, que la douce intimité du foyer domestique n’abrégeait pas.

À déjeuner, à dîner, j’échangeais quelques rares paroles avec Gontran, puis il rentrait chez lui, moi chez moi.

Ses habitudes étaient complètement changées.

Il ne chassait plus ; mais, malgré la rigueur de la saison, presque chaque jour il sortait à pied dans la forêt : il y passait de longues heures, revenait avec une scrupuleuse exactitude