Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/287

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pour l’heure de la poste, puis il repartait et ne rentrait quelquefois qu’à la nuit noire.

D’autres fois il restait deux ou trois jours renfermé chez lui, il s’y faisait servir et n’en sortait pas.

Ses traits commençaient à s’altérer d’une manière effrayante ; ses joues creuses, ses yeux caves, le sourire nerveux qui contractait ses lèvres, donnaient à sa physionomie une expression de douleur, de chagrin, d’abattement que je ne lui avais jamais vue.

À l’heure de la poste il ne pouvait vaincre son anxiété, il allait lui-même au-devant du messager. Un jour, de l’une de mes fenêtres, je le vis recevoir une lettre, la regarder quelque temps avec crainte, comme s’il eût redouté de l’ouvrir, puis la lire avidement, et ensuite la déchirer et la fouler aux pieds avec rage.

Par deux fois il fit faire tous les préparatifs de son départ, et il le suspendit.

Un soir j’étais dans mon parloir avec Blondeau à ouvrir une caisse de robes d’enfant que j’avais fait venir d’Angleterre ; tout-à-coup Gontran pâle, défait, presque égaré, entra