Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/308

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ferme et sensé que je vous tiens aujourd’hui eût fait germer en vous de nobles désirs, eût étouffé de honteux projets : je vous aurais à la fois rehaussé à vos propres yeux et aux miens… mais, encore une fois, moi j’avais cru à vos paroles… la déception a été terrible ! Pendant ce temps de lutte entre mon amour et vos dédains, ma raison s’était obscurcie, affaiblie ; mais, je le sens, elle s’est affermie, agrandie, élevée par la conscience des nouveaux devoirs que la nature m’impose… maintenant je vois, je juge et je parle autrement.

— Autrement… oui, autrement en effet — me dit Gontran qui m’avait écoutée avec une surprise croissante qui lui ôtait la faculté de m’interrompre. — Comment, Mathilde ? comment ! c’est vous… vous que j’entends ? vous toujours si faible… si résignée !…

— Eh bien, répondez, Gontran… me direz-vous encore en pleurant ces mots indignes de vous… Que faire ?… contre la passion insensée qui m’obsède…

— Non, non ! — s’écria M. de Lancry — non ! vous serez comme toujours, mon bon ange !… vos nobles et sévères paroles m’ont