Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/34

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— Lorsque je vous vis à Rouvray — dit Gontran — il y a deux mois, je ne pus vous cacher que je vous trouvais charmante.

— C’est la vérité, Monsieur et cher cousin, et j’ai souvenance que, dans certaine allée de charmille, vous me fîtes même une déclaration… assez impertinente à laquelle je répondis comme je devais le faire, en me moquant de vous : voyons, continuez ; votre gravité sentencieuse, cérémonieuse m’amuse et m’intrigue infiniment… où voulez-vous en venir ?

Gontran jeta un coup d’œil satisfait du côté de la porte du cabinet où j’étais et reprit :

— À votre arrivée ici, je vous ai dit tout le plaisir que j’avais à vous revoir.

— Tout le bonheur, mon cher et beau cousin, tout le bonheur, s’il vous plaît ; vos moindres paroles sont, hélas ! gravées là en caractères ineffaçables — dit Ursule en appuyant sa main sur son cœur et en regardant mon mari d’un air ironique.

Gontran parut presque contrarié de ce sarcasme, fronça légèrement les sourcils, et reprit d’un ton ferme :

— Je suis ravi, Madame, que vous soyez en