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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/41

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son visage, comme un reflet de pourpre ; jamais je n’oublierai le regard à la fois vague, brûlant, noyé de volupté, qu’elle jeta au ciel comme si elle eût ressenti ce qu’elle venait de dépeindre.

Malheur ! malheur ! jamais je n’oublierai surtout avec quelle admiration ardente Gontran la contempla pendant quelques minutes : car elle était belle… oh, bien belle ainsi ; elle était belle, non sans doute d’une beauté chaste et pure, mais de cette beauté sensuelle qui a, dit-on, tant d’empire sur les hommes.

Malheur ! malheur ! je vis sur les traits de Gontran un mélange de douleur, de colère, d’entraînement involontaire, qui me dit assez qu’il était au désespoir de n’avoir pas fait éprouver à Ursule ces émotions qu’elle racontait avec une éloquence si passionnée.

Ma terreur de cette femme augmenta : je fus sur le point de sortir de ma retraite, d’interrompre cette scène ; mais, emportée par une âpre curiosité, inquiète d’entendre la réponse de Gontran, je restai immobile.

Mon mari semblait fasciné par le regard d’Ursule ; il reprit avec amertume :