Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/40

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en faveur de l’angélique pureté de mes sentiments à votre égard…

— Madame !…

— Mais sans doute, voyons sérieusement : est-ce que si mon silence eût été du trouble… est-ce que si je vous avais aimé… j’aurais remarqué tout cela ?… est-ce que j’aurais attendu que vos lèvres effleurassent mes joues, que votre bras pressât ma taille, pour être saisie d’une de ces émotions subites, muettes, profondes, qui nous enivrent et vous égarent ? Eh mon Dieu !… à peine votre main eût-elle touché ma main, qu’une sensation électrique, rapide comme la foudre, eût bouleversé ma raison, mes sens !… Presque sans le savoir, sans y penser, malgré moi enfin… je serais tombée dans vos bras, et je m’y serais réveillée sans me souvenir de rien, mais encore toute frémissante d’une émotion délirante, inconnue, qu’aucune expression ne pourrait traduire !

Malheur ! malheur ! jamais je n’oublierai l’accent ému, passionné avec lequel Ursule prononça ces derniers mots ; jamais je n’oublierai la rougeur qui un instant enflamma