Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/48

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exemple, mon cher cousin, vous avez ainsi perdu tout votre ancien prestige ; et encore, non, même garçon vous auriez en vous trop… et trop peu… pour me séduire. Oui, certainement. Car, après tout, qu’est-ce que vous êtes ? un grand seigneur très aimable, très spirituel, d’une figure charmante et d’une irréprochable élégance. Or, entre nous, mon amour aurait des visées… ou plus hautes ou plus basses.

— En vérité, ma cousine, aujourd’hui vous parlez en énigme.

— En vérité, mon cousin, aujourd’hui vous êtes bien peu intelligent. Eh bien donc, oui, il me faut, à moi, un esclave ou un maître. Vous ne pouvez être ni l’un ni l’autre : vous n’avez ni le dévoûment naïf qui intéresse, ni la supériorité qui trouble et qui soumet… Qu’un être simple, bon, inoffensif, m’adorât, par exemple, avec l’idolâtrie opiniâtre du sauvage pour son fétiche, je pourrais ressentir pour cet être aveuglément confiant cette sorte de compassion affectueuse qu’on a pour un pauvre chien soumis, tremblant, qui ne vous quitte pas du regard ; qui lèche la main qui le