Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/56

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ce que valait ce cœur adorable qu’en reconnaissant…

— À quel horrible cœur vous vouliez le sacrifier. Est-ce cela, mon cher cousin ? J’aime beaucoup à finir vos phrases, nous nous entendons si parfaitement ! Sérieusement, vous avez grandement raison de me préférer Mathilde : d’abord votre fidélité maritale me préservera de votre amoureuse insistance : et puis, franchement, ma cousine vaut mille fois mieux que moi. N’est-elle pas bien plus belle ? ne compte-t-elle pas autant de qualités que je compte de défauts ? n’y aura-t-il pas toujours entre nous une distance énorme ? En raison même de son dévoûment, de ses vertus, n’est-elle pas fatalement destinée à éprouver les passions les plus sincères, les plus magnifiquement dévouées… et à ne les inspirer jamais… tandis que moi, j’aurai toujours, hélas ! l’affreux malheur de les inspirer…

— Sans les jamais ressentir, n’est-ce pas, madame ! — s’écria Gontran — Ah ! vous avez raison… Tenez, vous êtes une femme infernale… vous me faites peur…

Ursule haussa les épaules.