Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/59

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étrange, n’est-ce pas ? vous n’y comprenez rien ? Vous ne reconnaissez plus la pauvre victime, la femme incomprise qui écrivait de si larmoyantes élégies à cette pauvre Mathilde qui en pleurait et qui avait raison, car je pleurais moi-même en les écrivant, et quelquefois même je pleure encore…

— Vous… vous ! pleurer…

— Certainement, quand le vent est à l’ouest, et qu’il y a dans l’air ce je ne sais quoi qui fait qu’on se pend, comme disait mademoiselle de Maran.

— Toujours mobile, toujours folle — dit Gontran.

— N’est-ce pas que je suis une drôle de femme ? Je parle de tout sans rien savoir, je parle d’émotions de cœur sans les ressentir j’ai toutes les physionomies sans en avoir aucune, je suis effrontée, moqueuse, inconséquente… Et pourtant, mon cousin, vous ne connaissez de moi que ce que j’en veux laisser connaître : en mal comme en bien, vous êtes encore à mille lieues de la réalité ; mais ce dont vous pouvez être certain seulement, c’est que