Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/70

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pas encore davantage la passion de Gontran, si sa vanité ne serait pas encore plus excitée par le dépit d’être moins bien traité qu’un provincial ridicule.

Et puis il pouvait croire Ursule vertueuse, malgré les théories effrontées qu’elle affichait, et se résigner plus facilement à n’être pas aimé d’elle, en songeant que personne n’avait été plus heureux que lui… Mais je craignis que cette dernière conviction ne prêtât peut-être plus d’attraits encore à ma cousine.

Agitée par tant de perplexités, je me résignai à attendre l’inspiration du moment.

Mon mari était retombé dans une sorte de rêverie…

Je lui pris la main, je la serrai tendrement en lui disant :

— Merci… merci, mon noble Gontran, vous m’aviez dit vrai. Enfin Ursule va partir, et nous serons heureux et tranquilles.

Gontran sourit avec amertume et me répondit :

— Vous avez dû être bien contente de me