Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/75

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dit avec une expression, hélas ! qui me parut distraite et forcée :

— Moi ! amoureux d’elle ! comme si je n’avais pas près de moi mille fois mieux qu’elle… comme si je n’avais pas la meilleure, la plus dévouée des femmes… un ange de douceur et de bonté !… Pauvre Mathilde !… comment avez-vous pu craindre un instant la comparaison ?… vous… vous…

Et il retomba dans une sorte de rêverie.

Les derniers éloges qu’il me donna me firent un mal horrible.

Ils me rappelèrent ces odieuses paroles d’Ursule à mon mari : « Il faut que je vous témoigne de mon dédain pour que vous pensiez à vanter votre femme. »

Ma cousine avait raison, les louanges que me donnait Gontran lui étaient arrachées par le dépit.

En me mettant au-dessus de ma cousine, il pensait plus à la blesser qu’à me flatter.

— Le plus important pour nous — dis-je à mon mari — c’est qu’Ursule quittera Maran sous très peu de jours ; elle décidera facilement M. Sécherin à partir.