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courrier, et d’un chien-loup successeur de Félix.

Nous allâmes recevoir mademoiselle de Maran au perron du château.

Elle descendit assez lestement de voiture et n’était nullement changée : elle portait toujours sa robe et son chapeau de soie carmélite. Malgré mes tristes préoccupations, je ne pus m’empêcher de sourire de surprise en voyant la capote de mademoiselle de Maran décorée d’un nœud tricolore ; le chapeau de Servien portait une énorme cocarde aux mêmes couleurs patriotiques.

Ma tante s’aperçut de mon étonnement, et s’écria en entrant dans le salon :

— Ça vous interloque, n’est-ce pas ? de ce que je ne vous ai pas encore entonné la Marseillaise, Ça ira ou la Parisienne, autre complainte patriotique, démagogique, emblématique et Orléanique qui vaut bien les autres bucoliques de la République… Dites donc, citoyen et citoyenne, je vous fais l’effet d’une fameuse tricoteuse ou vainqueuse de juillet avec mes rubans tricolores, n’est-ce pas ? Vous croyez peut-être que je viens vous annoncer