Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/87

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mon mariage avec M. de Lafayette, pour la première sans-culotide de frimaire… par-devant l’autel de la Patrie ? Eh bien ! vous vous trompez ; tenez, les voilà sous mes pieds, ces beaux rubans tricolores, les voilà au feu — dit ma tante en arrachant de son chapeau le nœud, et en le jetant dans la cheminée après avoir marché dessus avec une rage comique.

— À merveille, Madame — dit Gontran en riant aux éclats — je vous croyais ralliée.

— Comment, ralliée ? Ah ça ! est-ce que vous prétendez vous moquer de moi, monsieur de Lancry ? Figurez-vous donc que si j’ai consenti à m’attifer de ces exécrables couleurs qui puent le peuple, l’empire et la guillotine, c’était pour voyager tranquille.

— Et votre royalisme ne s’est pas révolté de cette concession, Madame ? — dit Gontran.

— Est-ce que mon royalisme a quelque chose à voir là-dedans ? Est-ce qu’on regarde aux moyens de salut quand ils sont bons ? Du temps du citoyen Cartouche et du citoyen Mandrin, est-ce que je me serais fait faute d’user d’un sauf-conduit de ces messieurs pour pouvoir traverser leurs bandes sans danger ? Eh bien !