Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grins de cet homme si honnête et si bon. Au milieu de ces hésitations, j’arrivai presqu’en vue de la fabrique de M. Sécherin. J’ordonnai aux postillons d’aller aux pas, voulant me ménager encore quelques minutes de réflexion, lorsque tout-à-coup je vis M. Sécherin sortir d’un chemin creux qui aboutissait à la grande route.

Il m’aperçut, il s’arrêta, me regarda quelques instants d’un air hagard ; puis cachant sa figure dans ses mains, il regagna brusquement le chemin d’où il venait de sortir.

M. Sécherin était cruellement changé ; il m’avait reconnue, et je ne pouvais me dispenser d’entrer chez sa mère : je me fis conduire à sa maison. Blondeau m’attendit avec ma voiture au bout de l’allée de tilleuls où jadis j’avais rencontré Ursule.

Je m’avançai seule, vivement frappée de l’état d’incurie dans lequel était le jardin autrefois tenu avec tant de soin et de recherche : des herbes parasites envahissaient les allées ; les vieux arbres, autrefois symétriquement taillés, n’étant plus émondés, cachaient la vue de la Loire et ses riantes perspectives ; on