Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/50

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— Ah ! gardez-vous en bien — m’écriai-je — quelle serait votre vie, mon Dieu, et la sienne !

— C’est que je me lasse à la fin, non pas de me sacrifier pour lui ; non… le peu de jours qui me restent lui appartiennent, mais je me lasse de le voir souffrir comme s’il était seul et abandonné de tous. Je me lasse de voir que le honteux souvenir d’une infâme étouffe dans le cœur de mon fils la reconnaissance qu’il me doit. Enfin… dites ! dites ! — s’écria-t-elle avec un redoublement de violence et de douleur — n’est-ce pas terrible de voir son enfant mourir à petit feu et de ne pouvoir pas le sauver… quand c’est pour cela que Dieu vous a laissée sur la terre !

Cette conversation rapide me montra que l’existence de M. Sécherin et de sa mère était encore plus horrible que je ne l’avais soupçonné.

Je vis alors M. Sécherin passer lentement devant les croisées du salon ; il s’arrêta un instant, me regarda, puis s’éloigna.

Je croyais qu’il venait nous rejoindre ; il n’en fut rien. Supposant qu’il voulait me par-