Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/108

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pas faire mille fois plus qu’il mérite ? — En s’indignant contre notre mauvaise foi, en parlant de ce qu’ils appellent si grotesquement leurs droits, les hommes qui nous ont fait la cour sont aussi niaisement scélérats que ces voleurs qui se croient sincèrement volés lorsqu’après des prodiges de patiente adresse ils ont forcé… un coffre vide…

§

En théorie et en pratique, j’ai toujours considéré les hommes comme nos ennemis implacables. — Il y a de la haine jusque dans leur amour le plus passionné ; ou plutôt, dès qu’il y a passion il y a haine. Le mari de Mathilde m’idolâtre, mais il m’exècre : il subit mon joug, mais en frémissant de rage. Il m’aime… parce qu’il ne peut pas faire autrement que de m’aimer. — Je le torture sans pitié parce que je sais le secret de ma domination et que ce secret est ignoble. — Il y a plus… mon hostilité contre Mathilde est excessive ; j’éprouve pourtant une certaine satisfaction en pensant que je suis impitoyable pour un homme qui l’a rendue si malheureuse…