Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/120

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reuse, ma vie aimante va commencer. — Enfin j’ai trouvé l’homme de mes rêves ! — Il ne m’a pas vue, il n’a fait que passer… Je ne sais ni son nom, ni ce qu’il est ; mais fût-il le premier ou le dernier des hommes, je sens que je l’aimerai, je sens que je l’aime, je lui appartiens. — Quelle physionomie haute et fière !… Quelle démarche à la fois leste et hardie ! — Et ce teint basané, et ces lèvres rouges, et ses sourcils noirs, et ces grands yeux gris ! Mais quand de pareils yeux daignent seulement s’abaisser sur vous, on doit tomber à genoux en disant : Seigneur… ordonnez, voici votre esclave. — Et cet inconnu qui peut-il être !

§

Quelle est donc cette puissance invisible, mystérieuse, à laquelle j’obéis ? Cet homme ne m’a pas dit un mot, son regard ne s’est pas arrêté sur moi, et je me sens soumise, dominée !… — Mon angoisse profonde me dit que ma destinée s’accomplit.