Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/119

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suis apitoyée sur Mathilde… je me suis montrée envers elle aussi bonne, aussi généreuse que ma nature me permettait de l’être, et j’en ai été cruellement punie.

§

— Comment ne haïrais-je pas M. de Lancry ? — Quelquefois malgré moi (ce sont mes jours maudits), je sens des bouffées de honte me monter au front en songeant que c’est à son odieuse ingratitude envers sa femme que je dois la vie splendide que je mène. — En vain j’ai fait des compromis avec ma conscience, en vain je me suis dit qu’il n’y avait rien de plus immatériel que les plaisirs dont je jouissais, — en vain j’ai traité le mari de Mathilde comme un misérable, du jour où il a osé m’offrir autre chose que des fleurs et des sérénades… Oh ! il est certaines coupes dont le déboire est plein d’amertume et de fiel…

§

— Cette fois, je suis frappée au cœur… oh ! bien au cœur… Je veux écrire ici cette date. — Enfin d’aujourd’hui, heureuse ou malheu-