Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/147

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cette voix divine, qui venait toujours soutenir mes résolutions chancelantes, me dit :

« — Courage… courage… ne te laisse pas abattre ; détourne tes yeux de l’abîme qu’un monstre t’a fait entrevoir pour te causer un affreux vertige et ébranler tes nobles déterminations…

« — Ne regarde pas à tes pieds, lève les yeux au ciel ; mets ton espoir en Dieu, il ne te manquera pas…

« — Si l’homme que tu as cru digne de toi était capable de succomber aux séductions d’Ursule, pourrais-tu regretter son cœur ? pourrais-tu envier cette femme ?

« — Si Emma doit mourir en voyant qu’on lui préfère une autre femme, que ce ne soit pas toi qui lui portes ce coup fatal… reste-lui au moins pour la consoler ; si tu n’y parviens pas, si elle succombe, n’oublie pas sa mère, qui a été pour toi presque une mère…

« — Quant aux mystérieuses menaces de ce monstre, qu’elles ne t’épouvantent pas ; chasse de vaines terreurs… sois courageuse, forte ; envisage fermement ce qu’il peut contre toi, et tu mépriseras sa vengeance ;